CAP Tailleur : mon épreuve pratique
- Marie Giard-Yenga
- 24 oct.
- 8 min de lecture
Tu m’imagines…
Tu m’imagines dans une salle de classe du 7ᵉ arrondissement avec Cathy Lamoureux, coach de la formation guidée Artesane, Karine et Sabine, deux élèves ? Eh bien oui, j’ai réitéré l’expérience : je suis allée passer l’épreuve dite EP2 du CAP Métiers de la Mode Vêtement Tailleur. 🧵
🎓 Pourquoi une seule épreuve ?
Quand tu as déjà un diplôme français de l’Éducation nationale, tu es dispensé des matières générales.Rien de nouveau donc, depuis mon CAP Flou de 2023.
Quand tu as déjà un CAP, un BEP ou un Bac Pro, tu es dispensé de l’épreuve Prévention Sécurité Environnement.Merci pour cet élan de générosité de la part de l’Éducation nationale. 😅Remarque, si tu oublies aussi vite que le code de la route, il faudrait se faire des petits rappels de temps en temps !
Et quand tu as déjà le CAP Flou, tu peux demander le bénéfice de l’épreuve EP1.Ceci étant dit, j’aurais pu demander à passer l’EP1 Tailleur ?! Je suis joueuse, mais pas à ce point-là.J’avais envie de me concentrer sur l’épreuve pratique. ✂️
📨 L’annonce officielle
En novembre, je me suis donc inscrite au CAP MMVT.Une connexion à Cyclades et une lettre recommandée plus tard, je reçois la confirmation de mon inscription.Les dés sont jetés. 🎲
Je l’ai officiellement annoncé, j’en ai parlé à mes camarades de jeu et à mes colocataires.Impossible donc de faire machine arrière : j’ai trop de fierté pour ça. 💪
Le passage de l’EP2 sera en juin, j’attends patiemment la convocation.J’ai intérêt à être patiente : elle n’arrive qu’en mai en général… 🕰️
🧠 La douloureuse question des révisions
Je fais partie des êtres humains qui ont le don de se mettre la pression, seule, sans demander d’aide à quiconque.Quand je me lance un défi, mon cerveau passe en mode petit vélo qui mouline. 🚴♀️
Au démarrage, c’est vraiment un petit vélo dans un coin de la tête.Une version pour fourmi, quoi. 🐜
Je planifie donc des sessions de travail, au cas où je ne serais pas prête pour passer le CAP Tailleur.J’établis des listes d’exercices pratiques et je me projette dans une garde-robe qui viendrait confirmer que je suis une grande spécialiste de l’ensemble des techniques tailleur.
Cette organisation mentale me permet de combler les failles de doute qui me composent. Elle me rassure.
Mais la réalité me rattrape vite : je ne suis pas Hermione Granger. 🪄Je n’ai pas de retourneur de temps. Et au fil des mois, je constate amèrement que le temps me manque.
Les jours où je vois les choses en noir, je me dis que je ne suis pas capable de m’organiser et que vraiment, je pourrais faire mieux et plus efficace. 😔 Les jours où je positive, je me dis que je ne chôme pas : cours à la FAC, les élèves que je coache en Flou et en Tailleur, stages CAP, tournages Artesane, vie de famile… Et finalement, tout ce que je fais nourrit ma préparation ! 💪
📩 La convocation tombe !
Enfin ! En Île-de-France, c’est souvent en dernier que nous les recevons. Je sais enfin que je passerai l’EP2 Tailleur dans le 7ᵉ arrondissement, au lycée Albert de Mun, les 16 et 17 juin.
Là, le vélo devient une grosse cylindrée. 🏍️ Elle prend toute la place dans mon cerveau :
Mes révisions !! Ai-je le temps ? Que dois-je faire ? Est-ce que j’ai assez fait ? Arggg, il ne me reste que deux mois ! Comment je vais faire ? Est-ce que je sais encore coudre ? Et la piqueuse plate ? Est-ce que je ne devrais pas refaire un planning de révisions plus précis... ?!!! 😱
Je me déteste dans ces moments-là. Je suis obligée de me raisonner, voire de me mettre un grand coup de pied au derrière pour faire taire mon cerveau beaucoup trop bavard. 🤯
⏳ Le jour presque J
Les jours s’égrènent petit à petit et le jour presque J arrive.
Le jour presque J, c’est celui où la première académie ouvre le bal de l’EP2. Les candidats ne passent pas tous au même moment, mais sur le même sujet. Une première élève passe les 26 et 27 mai, et forcément, on a des échos. 📢
💬 Aparté
Est-ce un avantage de connaître le sujet ?Je crois qu’on n’apprend pas à coudre en deux semaines. On peut savoir et paniquer le jour de l’épreuve, comme on peut ne pas tout savoir et exceller.Il n’y a pas de règles.
🧵 Faites ce que je dis, pas ce que je fais !
Avec des détails en tête, ce n’est plus une cylindrée, c’est un char d’assaut dans mon cerveau. Le champ de bataille est en place.
Je décide de faire deux jours de pratique spécifique en révisant les points main tailleur. L’angoisse monte doucement — mais je crois qu’elle me stimule. 😅
🎯 16 heures d’épreuve : CAP Tailleur, me voilà !
🗓️ Lundi 16 et mardi 17 juin 2025
Mes affaires sont prêtes : trousse de couture, coussin de repassage, clapper…Sans savoir si j’ai le droit de tout utiliser. Mieux vaut prévenir que guérir ! 🧳
Nkoko m’accompagne (❤️ soutien inestimable) et me dépose dans le 7ᵉ avec son bisou de la gagne.
Nous retrouvons Cathy, toujours rayonnante, et les élèves de la Fabrique à Couture et d’Artesane : Karine, Sabine, Stéphanie, Stéphane, Mathilde… bref, je suis en terrain connu. 👋
🪡 8h40 : C’est parti !
La salle est petite, les piqueuses plates un peu anciennes — mais l’examinatrice est bienveillante. Je suis en face de Cathy. Nous ne sommes que 5 avec Karine et Sabine
Nous avons un grand sac blanc chacun, contenant la bûche, les patrons, l’entoilage, la doublure, un plastron préformé, le sujet et le dossier ressources. Dans la salle, il y a aussi une planche patron commune — crucial car les pièces principales sont coupées par l’établissement.
L’objectif : réaliser un spencer unisexe en drap de laine bleu Klein.Les points techniques : col tailleur, manches tailleur, poche tiroir, pinces compensées, pose d’un plastron préformé, pose d’épaulettes… 💙
Je commence par couper l’entoilage et la doublure. Les pointes de pinces ne sont pas marquées sur le coupon de lainage : il faut aller reporter les pointes sur la planche patron commune — pas l’idéal, mais on s’adapte. Je marque l’endroit et l’envers avec des gommettes, je vérifie les crans.
Pas de machine attribuée : il faut choisir sa piqueuse plate. C'est comme Marié au premier regard, Tu la découvre et tu dois dire OUI !
La cinquième candidate, stratège en chef, a pris la seule piqueuse récente dès les premières minutes. Moi, je m’installe sur une piqueuse sans coupe-fil, un peu farfelue mais fidèle. Cinq minutes de prise en main, et c’est parti.
Je garde précieusement mon échantillon-test : il fait partie de l’évaluation pendant l’épreuve, donc il est important de le soigner et de le conserver. 📌
Il fait chaud. Les minutes, les heures filent. Je vise à poser le plastron préformé avant la fin de la première journée — c’est l’objectif raisonnable pour tenir le rythme du deuxième jour. Mission : en route vers le plastron préformé. 🙌
Pendant la journée, nous devons demander l’intervention de l’examinatrice à plusieurs reprises : cinq fois pour faire valider des étapes clés — il ne faut pas oublier de les appeler car elles évaluent le travail en cours d’épreuve.
Fin de première journée, je suis satisfaite de mon rythme.
Retour à la maison, un bon repas et du repos : indispensable pour le round 2.
💦 Jour 2 : focus, erreurs et éclaircies
Deuxième jour, Nkoko me redépose, bisou de la gagne, round 2.
Tout le monde est plus concentré, plus pressé.
La première matinée, je m’aperçois que j’ai oublié mon rouleau de papier collant pour les pelluches — le plastron en ouate perd des fibres sur mon beau drap de laine bleu ! Panique à bord, passage au supermarché à midi pour acheter un rouleau et ne pas devoir squatter celui des voisines.
La gamme de montage a parfois des manques :
Est-ce que je prends le plastron dans le montage des manches et dans les épaules ?
Je monte 2 fois mes épaules mais je ne suis pas satisfaite du rendu. J'entends une paire de ciseaux couper une épaisseur — et tout s’éclaire : il faut dégarnir. Cette petite révélation change tout et me permet d’avancer. 💡
Je le prends dans la première manche, puis je reviens en arrière car le rendu me semble incohérent. Je couds, je découds, j’hésite et je finis par trancher.
Ce qui m’a frappé : le calme de la salle. Il y a énormément de travail à la main pendant l’épreuve ; les machines sont souvent inutilisées pendant de longues périodes.
On a un cochon dans la salle et on est encouragé à l’utiliser, mais — curieusement — on n’a pas le droit d’utiliser les mannequins pour vérifier la symétrie. 🤷♀️
Je réussi à conserver un rythme régulier, fais des contrôles réguliers. J'essaye de maintenir ma veste repasséeà chaque étape.
Finalement, je rends ma veste avec l’étiquette d’anonymat sur le cintre, après un dernier repassage et contrôle minutieux. 🧥✨ un peu moins de 2h avant la fin, ✨
Je suis vidée, mais satisfaite.Les dés sont jetés définitvement maintenant
🔍 Mon débrief personnel après rendu
Après avoir quitté la salle, j’essaie de prendre du recul et de faire le point sur mon travail.Voici ce que je note :
Mon spencer est réussi.
Le rendu est bon.
Mon col est équilibré.
Mes manches sont belles.
Mon picotage fait rouler mes revers.
Ma poche poitrine est chouette.
Mon fond de poche n’a pas la bonne dimension (erreur dissimulé)
Le glaçage du col est fait main et pas machine (erreur de lecture)
La prise en couture de mon plastron m’interroge encore (assumer ses choix).
Cette épreuve oblige à prendre des décisions : on fait des erreurs, on essaye de les rendre moins visibles, et on met en valeur ce qui fonctionne. J’ai ressassé pendant quelques jours — c’est ma façon de digérer — puis j’ai fini par oublier. 😅
🏁 Le verdict
La veille du 4 juillet, je réalise que les résultats sont le lendemain. À 16h pile, je me connecte à Cyclades…
J'ai obetnu mon CAP avec une mention très bien 🎉Arthur, mon fils (et dont je suis un des sujets de son comptre privé instagram), me filme et lâche : “Elle gère la daronne !”
Fierté 💖 !
Ce CAP Tailleur a une saveur particulière — sûrement parce que ce sont les pièces que je préfère coudre. 🧵💙
Faut-il vraiment passer un deuxième CAP ?
Je m’interroge aujourd’hui sur l’intérêt de passer ce deuxième CAP.
Est-ce bien raisonnable, ou juste une nouvelle aventure pour nourrir ma curiosité ?
Mon objectif premier, c’est de vivre ce que vivent mes élèves. Comprendre précisément comment se déroule l’épreuve, ce qu’on ressent avant, pendant et après. Pouvoir ensuite mieux partager mon expérience, mieux accompagner, mieux rassurer aussi.
Et puis, soyons honnêtes : quand on entre dans le jeu de l’apprentissage et de la validation officielle de son savoir-faire, il devient difficile de décrocher. On a envie d’aller au bout, de voir jusqu’où on peut aller. Heureusement, il n’existe pas d’autre CAP en couture… sinon je serais peut-être déjà en train d’y penser !
Ce que m’a appris le CAP Tailleur
Si je devais résumer mon expérience, je dirais que le CAP Tailleur demande quatre qualités essentielles : de la patience, de l’autonomie, de l’organisation et du lâcher-prise.
🪡 La patience, c’est accepter le temps de l’apprentissage, celui de la pratique, le temps qu’il faut pour progresser — sans se comparer, sans brûler les étapes.
✂️ L’autonomie, c’est se lancer, oser, tester. C’est aussi réaliser qu’on sait faire, même sans une vidéo ou une gamme de montage sous les yeux.
🧵 L’organisation, c’est apprendre à cadencer son travail, connaître son rythme, définir ses priorités.
🧷 Et enfin, le lâcher-prise, c’est accepter tout ce que la patience, l’autonomie et l’organisation n’auront pas suffi à empêcher d’arriver. Les petits ratés, les imprévus, les moments de découragement… tout ce qui fait partie du chemin.
Ce que cette expérience m’a vraiment apporté
Au-delà de l’épreuve elle-même, ce deuxième CAP m’a surtout offert un nouvel angle de vue. En me remettant dans la peau d’une candidate, j’ai retrouvé cette sensation d’incertitude, d’excitation, et parfois de découragement que mes élèves traversent aussi.
Ça m’a rappelé à quel point apprendre, c’est se confronter à soi-même.
Et que derrière chaque geste précis, il y a une dose de doute, de persévérance et d’humilité.
Finalement, ce CAP n’était peut-être pas juste une formalité. C’était une façon de revenir à l’essentiel : la joie d’apprendre, encore et toujours.





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